Aaah, la force de l'habillage Hachette (1991) de la Cinq résidait en effet principalement dans sa musique, et ce, particulièrement pour le journal. Je me permets une petite analyse... bien personnelle...

Premièrement, une horloge. Toujours une horloge. Obligatoire. En effet, non seulement elle permet un certain raccordement avec le plateau du journal avant le lancement du générique, mais surtout elle refroidit le cerveau du télespectateur, après les pages de publicité et la folie douce des bandes-annonces pour les programmes de divertissement.

Le journal, un instant important et solennel donc, qui nécessite de "calmer" un peu celui qui s'apprête à le regarder. Une préparation mentale qui se concrétise par un fond gris très simple, très sobre, et surtout par ce silence, un silence retentissant, d'où se détache un simple tic-tac rythmé qui ne résonne que mieux au milieu de ce calme anxiogène.

L'atetntion du téléspectateur est captée, ses yeux sont rivés sur l'écran qui décompte les dernières secondes. Pour ne soudain que mieux ressentir le souffle de l'explosion sonore. Le générique démarre à grand fracas, la musique est d'un sensationnalisme étourdissant… et pourtant, l'écran affiche un simple défilé de nombres, ce défilé en nomble sérif, la signature graphique de l'habillage final de la Cinq, si frais et sympa sur fond jaune poussin avec de la musique hip-hop dans les jingles d'avant-programme.

Seulement ici, le défilé prend une toute autre envergure. Prenant la suite de l'horloge, avec la même sobriété, il se présente en multiples exemplaires, avant d'apparaître, seul, centré en plein milieu de l'écran, comme si il n'y avait plus que ça à regarder, plus que ça à quoi s'accrocher. Pendant ce temps la musique va crescendo ; une voix arrive sur une mélodie solennelle, toute en "âââh" (tiens, vous avez dit Canal+ ?) alors que le choc en Ré du lancement du générique est toujours présent, latent.

Le défilé de numéros au milieu de l'écran se fait de plus en plus insistant, tandis que la musique se dirige vers son paroxysme ; une seconde voix arrive, pour accompagner la première dans les dernières notes, annonciatrices du dénouement de ces dix si longues secondes. Quelques roulements de tambour en arrière-plan viennent réveiller le fond en Ré pour préparer l'assaut final. Et là, le coup de grâce : le simple mot "Information" attendu avec tant d'angoisse, s'affiche enfin à l'écran, stoppant du même coup le générique sur le 5 noir, tandis que le générique rugit, explose de nouveau, comme pour libérer de manière quasi-symphonique tout le stress de l'attente accumulé pendant ces dix petites secondes !

Toute cette envolée lyrique qui vient du cœur pour rappeler que la force et le succès de cet habillage de 1991 repose sur la subtile association, entre la basicité des images simples, et tout ce que peut lui apporter un sonore mené de main de maître, à savoir susciter et manipuler, de belle et noble manière, les émotions du téléspectateur. En ce sens, cet habillage évoque la maîtrise d'Étienne Robial et de l'ellipse, puis des carrés Canal+ ; et si l'habillage entier de la Cinq, en reposant sur cette association solide, est déjà un bel exercice de style, le générique de l'information en est certainement l'exemple le plus parfait, comme une cerise sur le gâteau. Chapeau à un beau moment de sensations qui, quand je l'écoute, me fait encore frémir.

(Et je pourrais en redire presque autant pour l'exemplaire solennel et majestueux de 1987... Gaaâââh...)