Bonsoir à tous,

Je n'ai pas pour habitude de faire du prosélytisme sur lenodal. Mais vue la gravité de la situation, il n'y a que les idiots...
Ce message s'adresse en premier lieu aux professionnels de l'audiovisuel qui consultent régulièrement lenodal dans le cadre de leur activité. Il concerne néanmoins potentiellement une plus large partie de nos lecteurs.

Le Ministère de l'Éducation Nationale, par l'intermédiaire de son Inspecteur Général en charge, planche actuellement sur la fusion des options image et montage du BTS audiovisuel. La réforme du référentiel de formation porte également sur la diminution du nombre d'heures de cours de DLA (Domaine Littéraire et Artistique).

Dans un rapport préliminaire, le Ministère justifie cette décision par l'évolution permanente du milieu professionnel et la recherche par les entreprises de techniciens plus polyvalents.
Paradoxalement, ce même rapport insiste sur la diversité des modèles économiques du secteur et sur la nécessité de former des techniciens aux connaissances pointues et sur la reconnaissance dont bénéficient les employés issus d'un BTS Audiovisuel.

Outre sa totale absence de cohérence, cette réforme pose de graves questions :

1°) Comment former des "super-techniciens couteaux-suisses" cadreurs et monteurs alors que les enseignants soulignent depuis plusieurs années l'insuffisance des deux années du BTS pour explorer l'ensemble des aspects d'un seul de ces métiers ? Peut-on prétendre à former un futur professionnel à d'avantage de techniques et disciplines avec moins d'heures de cours ? Nous répondons : non et nous battons contre un diplôme au rabais.

2°) Cette fusion s'accompagne d'une diminution du nombre d'heures de DLA, qui prodigue aux étudiants un nécessaire bagage culturel pour l'appréhension de leur métier. Un technicien serait-il plus performant s'il est privé de connaissances artistiques ? Nous affirmons que la connaissance des œuvres et la capacité d'analyse sont une base de communication essentielle entre techniciens, réalisateurs, journalistes et producteurs.

3°) Quid du sort des enseignants en BTS Audiovisuel ? Vont-ils se voir imposer des services partiels ? Une redistribution de leurs heures de cours ? Quid de la reconduction des contractuels et vacataires ?

4°) Quid de la cohérence entre cette réforme engagée par l'Etat et l'action des Régions, qui financent les infrastructures nécessaires à la formation en BTS (bâtiments, équipements techniques...) ?

5°) Quid enfin des conséquences à long terme de cette fusion pour la profession ? Cette réforme semble vouloir entériner une logique low-cost déjà à l'oeuvre dans certaines entreprises, où un même opérateur doit prendre en charge la caption image et son puis le montage, quand il ne fait pas également office de journaliste. Ce modèle ne nous semble pas déclinable dans l'ensemble des sociétés du secteur.

Enseignants et syndicats sont d'ores et déjà mobilisés pour faire barrage à une réforme qui n'a finalement d'autre objectif que la réforme elle-même, sans plus de logique... Sinon celles, inavouables, de porter un coup fatal aux métiers de Chef Monteur et de Cadreur et d'amorcer le désengagement de l'Etat dans la formation des techniciens audiovisuels.

Il appartient désormais aux anciens étudiants, salariés et dirigeants des sociétés de production, de post-production et de diffusion d'apporter leur pierre à l'édifice et de démontrer au Ministère que le secteur a besoin de techniciens formés en adéquation avec leurs besoins réels et non selon une logique supposée universelle de paupérisation économique et intellectuelle.

Pour signer la pétition en ligne lancée par les enseignants, c'est par là.