C'est vrai que, d'une manière ou d'une autre, nous avons tous un rapport avec la "cité"... et je vais m'en expliquer !
Je suis originaire d'un tout petit patelin de l'Aube qui n'est guère connu que des Aubois eux-mêmes et des touristes germains ou saxons qui apprécient beaucoup la région pour leurs vacances... Ledit village pèse au bas mot 250 à 300 habitants et envoie donc ses jeunes d'entre 11 et 15 ans au collège du bourg d'à-côté (+ou- 2000 hab).
Et bien il se trouve que la "cité" est ici aussi assez préoccupante... Est-ce la crise d'adolescence ? L'ennui ? Les problèmes familiaux (
va-t-on pouvoir faire une 4ème récolte cette année ?) ? ... Je ne sais guère.
Toujours est-il qu'ici 90% des jeunes écoutent Skyrock, s'habillent dans des survets plus affreux les uns que les autres, roulent sur des boosters débridés, fument des cigarettes sans filtre (quand ça n'est pas autre chose) et saccagent régulièrement les divers locaux communaux...
Parenthèse: évidemment, quand vous avez 11 ans, que vous portez des lunettes, que vous avez le mauvais goût d'être poli avec les gens et, surtout, comble de l'horreur, que vous osez faire moins de 10 fautes à la dictée, je vous laisse imaginer le genre de traitement que l'on vous réserve...
Mais surtout, ami lecteur, ne décroche pas maintenant : le meilleur est à venir.
Aujourd'hui, je n'ai plus 11 ans et je vis en région parisienne. Je prends le RER B et le bus tous les jours pour aller à la Courneuve (dans le 9-3). Je suis entouré de tours HLM blanches (ou plutot grises
) et de gens qui le sont moins. Certes, il y a parfois des problèmes dont les médias et les politiques ne se manquent pas de faire leurs choux gras...
Mais la différence, c'est qu'ici, dans la vraie cité, il y a quelque chose en plus : la pauvreté, la misère.
Mais la plupart des gens qui vivent là font comme si de rien n'était ; ils bossent, se taisent et dégagent cette humilité qui n'appartient qu'aux pauvres (je sais, je viens de dire un gros mot).
Par contre, dans la campagne auboise, personne ne manque d'argent, je peux vous le garantir : les céréales ou le vignoble, sans parler des chambres d'hôtes, ça rapporte pas mal...
En clair, ces jeunes en mal d'émotions fortes imitent, parodient, et quelque part stigmatisent quelque chose qu'ils ignorent totalement...
Et bien rien que pour ça, je voudrais dire à titre tout à fait personnel à ces rappeurs des champs de blé qu'ils me font vraiment de la peine.
Les autres, ceux de la ville, "les noirs et les arabes" (comme je l'entends hélas trop souvent dans la campagne) ont, eux, toute ma sympathie.
C'était le coup de gueule de Stranger, bonsoir !