Le sujet n'est pas si anodin que cela, car la liberté de la presse est un pilier essentiel de la démocratie et de la concorde dans la société.

Aujourd'hui, les questions de personne sur quelques postes emblématiques sont accessoires. Il y a des sujets de fond sur l'organisation et le fonctionnement de l'audiovisuel public, c'est indéniable. Le point le plus délicat sera évidemment son positionnement : il y a clairement une tentation des deux extrémités de l'échiquier politique de généraliser une approche "média d'opinion" (celle du courant dominant)... sous couvert d'objectivité et de neutralité, ce qui est quand même curieux.

Or, dans une société où, si on n'est pas "aveuglément pour", c'est qu'on est "radicalement contre", la hauteur de vue qui doit être celle d'un média grand public et a fortiori de service public est un exercice extrêmement difficile. Ce sera, quelle que soit la situation des prochains jours, un défi considérable vis-à-vis du séisme politique, mais cela va bien plus loin. Pour résumer, c'est la limite entre représenter les diversités de la société et épouser le point de vue d'une partie, ou adopter fréquemment des biais qui ne participent pas, ou du moins pas suffisamment, à cette concorde sociétale.

Mais finalement, les limites, les défauts, qu'on retrouve dans l'audiovisuel public sont en partie la conséquence d'une évolution, qui ne se limite pas à ce domaine, dont les racines sont à aller chercher dans les problèmes de l'instruction (et non de l'éducation, qui relève d'abord de la sphère familiale) qui vont de l'école, le collège, le lycée (maîtrise des fondamentaux, constitution d'un socle culturel, construction citoyenne) aux grandes écoles (cf. la situation à Science Po).

Rémi

Mais du coup "France•Médias" cela existe ?
J'avoue que l'appellation me fait peur.

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Face à ces possibles tentations de reprise en main, et sauf si l'on sombre dans une dictature, il y aura toujours le Conseil constitutionnel qui se posera en garde-fou. Il y a eu plusieurs décisions plus ou moins récentes sur l'audiovisuel public dont la dernière en 2022 passée relativement inaperçue n'en demeure pas moins extrêmement importante : https://www.dalloz-actualite.fr/flash/c ... ndependant

En d'autres mots, une majorité quelle qu'elle soit ne pourra jamais faire n'importe quoi.

Sauf que les présidents de l'audiovisuel public ne sont pas choisis par l'Assemblée mais par l'Arcom.
Et franchement j'espère que même si ce n'est pas elle, que le prochain président ne fera pas des choses "juste pour" comme supprimer Drag Race... et sachant que la décision de l'Arcom, je cite, "se fonde sur des critères de compétence et d’expérience", j'imagine que ça ne serait pas le cas de toute façon.

Merci de cette info stargazer, ça me rassure.

La possibilité d'un gouvernement d'extrême-droite et les annonces hier de Sébastien Chenu nous font réagir... Les marchés financiers, eux, spéculent.
Dans la perspective d'une privatisation de l'audiovisuel public, les cours en Bourse des médias français sont en baisse sensible. Il faut dire que le marché publicitaire serait totalement bouleversé.

TF1 : -8,04%
M6 : -3,41%
Ces deux valeurs étaient à la hausse depuis le début de l'année... Dynamique interrompue.

Vivendi baisse dans une moindre mesure : -1,14%
(cours au 11/06 - 15h40 UTC+1)

+ Dépêche AFP sur BFM Bourse

Une chose est sûre, on pourra compter sur une alliance public-privé pour contrer ce projet s'il venait à être lancé. De quoi ne pas le faire tenir très longtemps.

Euh... tu es vraiment sûr de ça ? le public et le privé se font régulièrement la guéguerre dans le PAF.

Ils ne se font jamais la guerre quand ils ont des intérêts communs et peuvent alors former un lobby extrêmement puissant.

Ah bon ? Pourtant, ils n'hésitent pas à faire bande à part...Sur la question des publicités, notamment !

Là ils pourraient bien faire une alliance car il n'est pas question pour eux d'avoir 5 nouvelles chaînes concurrentes sur la TNT. Car oui, s'il y a privatisation, France 2, 3, 4, 5, info:, et les 1res deviendront des chaînes commerciales avec les mêmes objectifs que les chaînes TF1 ou M6. Fini les journées de France 4 et les soirées de France Télévisions sans pub. Et ça, ils n'en veulent pas.

Je vous raconte pas la catastrophe industrielle dans les Outre-mer si les 1ère étaient privatisées. Déjà que le marché publicitaire hexagonal ne se remettrait pas de ce big bang, alors dans les DROM...

De ce que j'ai pu constater dans plusieurs de tes messages PetitTangue, tu es plutôt bien placé pour le savoir
Les médias "corrects" (dans tous les sens du terme) sont si peu nombreux là où tu es ? ça m'intéresse.

Ce n'est pas tant une question de "correct" que de capacité de financement.

Pour parler de La Réunion, il y a deux télés locales : Réunion la 1ère, donc, publique ; Antenne Réunion, privée. Cette dernière a subi assez récemment un changement d'actionnaire de référence et est en difficulté financière depuis des années (et elle a déjà vécu un dépôt de bilan avec continuité d'activité dans les années 90-2000). Elle a beau être leader en PDA, l'audience s'érode comme partout.. Et le marché pub TV est en repli face au digital. Les coûts de grille sont élevés (prod et info locales, achats de programmes à TF1 et M6). Une 1ère privatisée et qui viendrait prélever une part supplémentaire de la faible manne publicitaire achèverait cette entreprise.

Côté radio, ce n'est guère plus brillant même si les coûts de structure sont incomparables. La généraliste locale FreeDom est ultra dominante mais serait aussi affaiblie par une 1ère actuellement 4ème des audiences (2ème si on ne considère que les généralistes) qui serait privatisée et qui devrait se financer sur le marché pub.

Rappelons enfin, même si l'on quitte l'audiovisuel stricto sensu, mais ça reste des médias, que la PQR locale (2 quotidiens) vit sous perfusion. On est presque dans de l'acharnement thérapeutique.

Je ne suis pas spécialiste de la situation dans les autres DROM mais, très simplement : la situation réunionnaise avec des acteurs privés dominants est atypique. Partout ailleurs, les 1ère sont en tête. Privatisées, elles ne asphyxieraient des médias locaux déjà bien mal en point.

Les 1ères ne seraient pas concernées par la privatisation, au même titre que l'audiovisuel extérieur et Arte. Mais bon, là on parle depuis un certain temps d'un projet qui a été annoncé par un parti qui n'est pas au pouvoir à l'heure qu'il est. Un projet qui n'a visiblement pas été travaillé non plus. Les chutes en bourse de TF1 et M6 et dans une moindre mesure de Vivendi ont commencé à faire parler dans la presse où l'on note que ce projet serait très difficile voire impossible à mettre en oeuvre.