Source (Liberation - 06:00)
Par Raphaël GARRIGOS
Le vote est sans appel : 77 % des journalistes du service des sports de France Télévisions ne font plus confiance à leur directeur, Frédéric Chevit. A l'appel de la société des journalistes (SDJ), ils ont voté hier une motion de défiance contre leur direction qui, écrit la SDJ dans un communiqué, «n'est pas à même de mener à bien les réformes qu'elle promet».
«Copinage». La SDJ dénonce «un système où le copinage l'emporte sur la qualité professionnelle, où le flou et l'arbitraire sont érigés en valeur de gestion pour le bénéfice d'un réalisateur omnipotent et d'une dizaine de personnes». Dans la ligne de mire, Frédéric Chevit, qui, explique un journaliste, «a mis en place un système clanique». Dont fait partie Fred Godard, le réalisateur en cause, débauché de Canal + et dont les émoluments à France Télévisions friseraient l'indécence. La SDJ décrit un «cercle très fermé pour qui les restrictions budgétaires ne s'appliquent pas, à l'inverse des promotions hiérarchiques». Un journaliste, présentateur lors des JO d'Athènes et membre du clan Chevit, aurait ainsi vu son salaire bondir de 25 %, hors augmentation normale. La prime d'un autre journaliste, chargé de commenter le DVD des meilleurs moments du Tour de France, serait brusquement passée de 1 000 à 6 000 euros... Joint par Libération, Frédéric Chevit dément : «Jamais de clan, jamais de copinage. Mon obsession, c'est l'intérêt de l'antenne.» Un audit financier est en cours.
En ligne de mire aussi, les errements du service public dans sa couverture des JO : épreuves diffusées en différé (la médaille d'or d'Emilie Le Pennec), voire pas diffusées du tout... pour cause d'absence de commentateur (le match de hand France-Egypte).
Départ. La SDJ précise que la motion de défiance ne vise pas Daniel Bilalian, nommé il y a deux semaines directeur de la rédaction du service des sports, un poste laissé vacant depuis fin 2003. C'est Chevit qui cumulait les deux fonctions. Chevit estime avoir «répondu à l'essentiel des questions des journalistes en nommant Daniel Bilalian : cette rédaction n'était pas suffisamment guidée et entourée». Il réunit ce matin les journalistes «pour leur donner [ma] vision des choses». Certains le verraient bien annoncer son départ, remplacé au pied levé par Bilalian. De toute façon, raconte un journaliste, «depuis deux semaines, c'est Bil qui tient les rênes».
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