Pierre Salviac menace France Télévisions des tribunaux
LE MONDE | 11.02.05 | 14h56
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Le commentateur de rugby s'estime victime de "placardisation".
En prenant , le 2 février, la direction des sports de France Télévisions en remplacement de Frédéric Chevit, Daniel Bilalian a hérité du "dossier Salviac", qui empoisonne depuis plusieurs semaines le service des sports de la holding publique.

Successeur de Roger Couderc pour les commentaires des matches de l'équipe de France de rugby depuis 1984, Pierre Salviac, 58 ans, dont quarante de service public, menace de poursuivre la direction de France Télévisions qui veut lui retirer les commentaires de quelques matches de la Coupe d'Europe et du Tournoi des six nations. En plus de sa casquette de commentateur, M. Salviac est conseiller à la direction des sports pour la négociation des droits sportifs et rédacteur en chef pour le rugby.

A la mi-octobre 2004, M. Bilalian, alors directeur adjoint des sports, lui a demandé de "réfléchir pour ouvrir les commentaires du rugby à d'autres journalistes", avec la fin d'année comme date butoir. N'ayant pas eu de réponse début janvier, M. Bilalian a donc tranché. Il a annoncé à M. Salviac que d'autres journalistes commenteraient trois matches de la phase finale de la Coupe d'Europe, ainsi que le match Italie-France du Tournoi des six nations, le 19 mars.

M. Salviac n'a pas apprécié la décision. Estimant que celle-ci est "une première étape de sa placardisation", il a saisi son avocat pour attaquer la décision de son patron. "L'attitude de M. Salviac n'a pas de sens à France Télévisions où il est salarié et n'a pas un contrat d'exclusivité pour commenter le rugby, indique la direction du groupe public. Il doit se conformer aux décisions de sa direction et arrêter d'utiliser l'antenne à des fins personnelles pour dire qu'il est écarté de son poste."Et de menacer de "tirer les conséquences s'il continue à dénigrer l'entreprise".

"GRAVE PRÉJUDICE"

De son côté, Me Péricard, avocat de M. Salviac, estime que "la direction des sports a modifié unilatéralement les prérogatives" de son client. "En plus d'être privé de commentaires sur plusieurs matches, il a aussi été écarté des négociations des droits de la Coupe du monde de rugby et sa place est menacée à Stade 2", poursuit l'avocat. Il n'exclut pas d'aller devant les prud'hommes, en raison d'un "grave préjudice" et d'une " atteinte à son image et à sa réputation".

En attendant que les points de vue se rapprochent, chacun dégage en touche. M. Salviac a assuré les commentaires de France-Ecosse samedi 5 février et sera présent à Londres, dimanche 13 février, pour le match au sommet Angleterre-France. M. Bilalian, quant à lui, est déterminé à confier les commentaires du match Italie-France à un autre journaliste.

Pour le reste, le directeur des sports attend de voir comment évolueront les rapports avec M. Salviac. "Nous sommes dans l'attente d'un petit geste de la part de France Télévisions pour régler le litige", tempère toutefois Me Péricard.

Daniel Psenny

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 12.02.05