Quand un événement d'une importance certaine survient à titre personnel, il est toujours intéressant d'en comparer le vécu avec le traitement qui en est fait par les médias.

Aujourd'hui, la mort de huit soldats du 8e RPIMa à Castres me touche directement. J'ai pu ainsi, dans ces circonstances pour le moins malheureuses me faire une idée de la vision des médias français avec ce qui s'est réellement passé ici, à Castres.

J'ai ainsi pu réellement me rendre compte de la réalité médiatique avec ce que j'ai lu, vu et entendu un peu partout. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y a du souci à se faire si toute l'actualité est traitée comme la mort de ces militaires. Entre approximations, erreurs de débutant, sur la ville ou la présentation de la ville de Castres (ne serait-ce que le nombre d'habitants), sur le Régiment de Parachutistes d'Infanterie de Marine en lui-même, ou plus bêtement le placement approximatif des élus locaux sur l'échiquier politique, il y a de quoi se poser des questions.
Il n'y a pourtant rien de plus simple que de vérifier de genre d'informations qui peuvent relever du simple détail mais peuvent tout changer quand elles sont placées dans le contexte d'un reportage.

Je ne parle même pas de la chasse à la larme, au moment d'émotion dont vous êtes tous ici coutumiers, mais que le téléspectateur lambda n'a peut-être pas idée. J'ai été interrogé par une télévision que je ne citerai pas (parce qu'elle ne doit pas être la seule à la faire et que je ne tirais pas à boulets rouges sur celle-ci en particulier), mais entre ce que j'ai déclaré et ce qui a été diffusé, il y a de sacrées différences. Les images, on leur fait dire tout et son contraire, ce n'est pas moi qui vais vous l'apprendre. C'est juste stupéfiant d'y assister en direct quand un événement comme ceci touche une ville, et de constater que malheureusement, mes craintes sur la crédibiltié de l'information sont fondées.

De votre côté, avez-vous pu assister à ce genre d'erreurs, ou de traitement très critiquable d'un événement local ?

Que dire, si ce n'est qu'on fait ce constat tous les jours.
Si je peux apporter un éclairage, c'est celui de la réalité du métier de journaliste... Autrefois profession "noble" à laquelle correspondait un rôle sociétal, l'information n'est plus qu'une industrie dont les journalistes sont les ouvriers précaires.
Concrètement, aujourd'hui on ne se penche plus sur les choses pour les connaître et en parler avec exactitude ou, au moins, ce que j'appellerai "l'honnêteté intellectuelle". On cherche vite fait sur Google car l'on a que quelques heures/jours (à décliner selon le format) pour "fabriquer" le "produit".
Bref, je ne suis malheureusement pas surpris, même si c'est évidemment infiniment regrettable.

Je crois que tu as malheureusement raison ...
On cherche le scoop, on veut donner l'info en exclu ... Résultat on va trop vite, et on commet des erreurs ...

Bah tu vois, même là dessus je m'inscris en faux. En effet, pour qu'il y ait "scoop", faudrait qu'il y ait enquête, recherche. Je dirais qu'aujourd'hui les rédactions cherchent tout sauf le scoop : elles se regardent les une les autres (c'est à dire, se regardent le nombril) et produisent un produit formaté où l'émergence de toute vérité, si elle est "originale" par rapport à l'idée commune, est impossible.

Il y a quand même parfois une recherche du scoop ... (je le vois comme ça)
Bien que je ne peux pas nier que l'on a tendance a bâcler le boulot ...

C'est la course à l'information car c'est, hélas, ce que recherche le public aujourd'hui. Nous sommes dans la société de l'instantané, de l'immédiat. La faute à qui ? à quoi ? C'est la modernisation, internet mais aussi le lave-linge qui permettent de condenser le temps en entrainant ainsi chacun dans le cercle vicieux du "toujours plus vite".
Quand j'étais plus jeune, quelle tristesse si je n'avais pas eu à découper les vignettes Arnaud pour illustrer mes exposés ou bien acheté des grandes feuilles de canson pour la présentation orale. Aujourd'hui, on utilise GoogleImages et PowerPoint. Très peu de chances de se donner le plaisir de retomber par hasard sur un .ppt... A méditer !

Avec un frère nouvellement officier dans l'armée de Terre (il était sous-off pendant 12 ans), envoyé en missions un peu partout dont notamment il y a quelques années dans ce fameux camp français en Macédoine, canardé par les troupes rebelles avec pour résultat des barils d'essence qui explosent et 3morts + des blessés graves, à quelques mètres (50) de sa toile de tente soufflée et quelques minutes après qu'il se soit levé pour aller au ptit déj' ... je peux dire que cet événement du 8 m'a touché également. Rentrant d'Angers ce matin , j'ai voyagé en TGV avec un colonel et un capitaine qui parlaient de ceci. Ils allaient aux Invalides. Etant dans un carré 1ère, je me suis permis de me "mêler" de leur conversation. Et oui, tout le monde est d'accord sur la déformation et sur la course à l'info, parfois fausse. Là, en particuliers avec une tonne de faux problèmes que les médias mettent en avant histoire de faire bouger la "grande muette". On fait dans le "à qui mieux mieux"... mais ça devient du "à qui pire pire"... .

Autre question : pourquoi parle-t-on moins cette année des athlètes étrangers aux JO ? Si vous regardez bien les infos, on parle surtout des Français, même ceux qui loupent le podium et on se désintéresse souvent des vrais exploits sportifs... . C'est de l'info ça ?

Oui enfin bon des erreurs ou imprécisions dans les infos il y en a tous les jours dans tous les domaines ...

Flo : bien sûr, l'erreur est humaine... Le problème, c'est que le processus de "fabrication" s'est tellement industrialisé en quelques années qu'il devient facteur (très) aggravant.
Je ne dirais même pas, comme FLoïc, que c'est le fruit de la technologie, qui n'est après tout qu'un outil (même s'il est indéniable que cela a joué, a "rendu possible"). Je pense que c'est un effet pervers de la société de consommation, qui a transformé l'intelligence (l'information mais aussi plus globalement la culture) en bien courant.

Sujet très très instructif à lire et à relire dès que l'on se sent "aspiré" à croire que tout ce qui est dit au journal télévisé est vrai et absolument réaliste... Merci infiniment, Tintin, pour ton témoignage.

Malheureusement, les chaînes font du n'importe quoi, n'importe comment !!

Les JT sont conçus comme un téléfilm : il faut que le téléspectateur pleure (ou ait peur) en début de journal, soit étonné (milieu de journal) et rêve un peu (en général en fin de journal pour remonter le moral) !!

Quand l'actualité est plate, le JT se transforme en "tout est beau, tout est fantastique" !!!

Ayant travaillé dans une boîte de production, je sais combien il est facile (et c'est d'autant plus vrai aujourd'hui avec le numérique) de faire dire ce que l'on veut aux images...

En ce sens qu'ils savent parfaitement ce qu'ils font ainsi que l'impact sur le public : non, ils ne font pas du n'importe quoi n'importe comment. C'est ça le truc.

C'est un peu une paraphrase de l'intitulé du sujet, non ?

Je récupère ce topic pour signaler un beau cumul de bourdes dans un sujet du 20h de ce soir sur France 2.

C'était dans le reportage à propos de Wikileaks. Et j'avoue que je me demande s'il n'y avait pas une volonté d'orienter un peu le reportage...

On nous montre d'abord des images d'une conférence de presse publique où était présent Julian Assange en juillet dernier. Avec le commentaire qui disait, en gros, que depuis cette conférence il fuyait les caméras. Il était pourtant sur le plateau du 19h30 de la TSR au début du mois de novembre. Une interview durant laquelle il était notamment revenu sur ses possibilité d'exile politique, soit en droite ligne avec le sujet de France 2 dans lequel le journaliste parlait de sa recherche par Interpol. Évidemment, on comprend qu'une interview en français, sur une chaine partenaire et d'un pays limitrophe à la France ait pu échapper à la rédaction de France 2 mais pas à celle de médias du monde entier.

Et on continue...
On nous dit ensuite que l'accès à Wikileaks est interrompu depuis cette nuit. Totalement faux ! L'accès a été coupé quelques heures seulement, mais ce matin je pouvais y accéder sans autre depuis sa nouvelle adresse http://www.wikileaks.ch . Là aussi, tout le web mentionne cette nouvelle adresse, mais pour la rédaction de France 2 le site reste inaccessible.

En intro, on nous disait pourtant que J-L Borloo voulait interdire l'hébergement de Wikileaks en France. C'est bien beau, mais il fallait peut-être expliquer pourquoi. Après qu'Amazon ait cédé aux pressions américaines, Wikileaks c'est réfugié... en France (chez OVH pour être plus précis), en plus de ses autres hébergements déjà existants, notamment en Suède. Là aussi, il n'a été fait aucune mention de cet hébergement français (normal me direz-vous, pour France 2 le site est inaccessible, donc c'est qu'il n'est plus hébergé nul part... ).

De tels manquements dans la présentation des faits me laisse perplexe. Soit la rédaction de France 2 est composée d'une bande d'amateurs (il faut 0,07 secondes à Google pour trouver les infos dont le web regorge, mais c'est peut-être encore trop long), soit il y a une volonté de ne pas faire de publicité à Wikileaks (en ne mentionnant pas son retour sur le web, ni sa nouvelle adresse, ni son nouvel hébergeur) suite à la prise de position visiblement défavorable du gouvernement français à son encontre.

Dans un cas comme dans l'autre, c'est un bien mauvais point pour France 2. Je m'en vais voir comment le sujet a été traité sur TF1.

Pour rebondir sur le premier message, une fois j'ai été interrogé par deux journaux papier locaux. Dans un j'étais cité mot pour mot sur deux colonnes. Dans l'autre on m'a fait dire le contraire de ce que j'avais dit.

Si l'occasion se représente je refuserait.