On apprend aujourd'hui dans la presse que Google entend lutter contre le piratage et, pour ce faire, vient de modifier le comportement de son moteur de recherche lors de l'utilisation de certains mots clés.

Il s'agit des mots Rapidshare, Megaupload, Bittorrent ou encore torrent. Et ce qui a changé c'est que la saisie semi-automatique ne fonctionne plus sur ces mots clés. Il faut taper le nom en entier. De même, pour ceux qui l'ont activé, la recherche instantanée se désactivera lors de l'utilisation de ces mots clés. Il faudra cliquer sur le bouton de recherche.

Certes, on est pas encore au stade de la censure où l'utilisation de ces mots clés renverrait un résultat sciemment biaisé pour lutter contre le téléchargement. Malgré tout, je trouve ce premier pas très inquiétant au vu de la position dominante de Google dans beaucoup (trop) de domaine et en particulier celui de la recherche sur internet.

Cela met également en lumière l'impuissance du lobby des majors à lutter efficacement contre le piratage. C'est quand même dingue qu'en 2011 ils n'aient toujours pas compris que l'attaque de front était vaine et qu'il fallait que le marché s'adapte réellement plutôt que vouloir contrôler ce que tout un chacun fait sur le net. Ce sont d'ailleurs des lois comme HADOPI ou des équivalents à l'étranger qui ont poussés les gens à délaisser les solutions P2P vers des solutions de téléchargement direct comme Rapidshare ou Megaupload. D'ailleurs, Orange a bridé le débit vers Megaupload, à l'insu des abonnés. Abonnés qui sont d'ailleurs tous considérés comme des criminels (alors que jusqu'à preuve du contraire on ne télécharge pas que du contenu illégal sur Megauplod !). Ces mêmes abonnés qui ont pourtant la "politesse" de continuer à payer pour un service volontairement dégradé.

On atteint également des sommets avec le blocage des mots clés Bittorrent et Torrent. Plus encore que Megaupload et compagnie, les torrents servent beaucoup pour le téléchargement de contenus tout à fait légaux. Je pense notamment aux plateformes de musiques libres de droits, aux sites de logiciels open-sources, aux distributions Linux... Sans parler également du fait que torrent, en français ou en anglais par exemple, à une signification d'origine qui n'a rien à voir avec tout ça.

On appréciera également la contradiction qui est qu'on "masque" des mots clés comme Bittorrent et Torrent, mais qu'on ne masque pas le nom des plus célèbres répertoire à torrents, comme PirateBay.

Enfin, on ne tient absolument pas compte des législations en vigueur. Je ne sais pas quelles sont les subtilités du droit à la copie privée en France, mais en Suisse le téléchargement de films ou musiques, même sans avoir les droits d'auteur, sur Rapidshare ou Megaupload par exemple, rentre dans le cadre du droit à la copie privée et n'est donc pas illégal du moment où on ne partage pas le fichier. Donc de quel droit Google vient-il se substituer au droit en vigueur dans certains pays ?

La fin de la neutralité du net, Benjamin Bayart en parlait déjà dans ses conférences.


Peut être que la réponse se trouve dans un livre comme les Netocrates

Thanks

Et bien sûr, ils laissent les mots "crack", "keygen" et autres mots-clés suspects où on peut trouver un lien pour télécharger illégalement un logiciel.

Le jour où le mot cerise disparaîtra de l'affichage instantané, il y aura déjà beaucoup de mal de fait !