NOUVELOBS.COM | 06.10.05 | 12:59

Le sociologue Jean Cazeneuve, ancien président de l'ORTF, est décédé mardi à Paris, à l'âge de 90 ans.
J ean Cazeneuve, membre de l'Institut, professeur émérite à la Sorbonne et ancien président-directeur général de l'ORTF, est décédé mardi 4 octobre à Paris, à l'âge de 90 ans, a annoncé jeudi sa famille.
Né le 17 mai 1915 à Ussel (Corrèze), il intégra d'abord l'Ecole normale supérieure. Agrégé de philosophie et docteur en lettres, il obtint également le précieux diplôme de Harvard. De 1948 à 1950, Jean Cazeneuve fut maître de conférences à la faculté des lettres d'Alexandrie. Puis chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de 1959 à 1966, avant d'être élu professeur de sociologie à la Sorbonne en 1966. A cette époque, il est aussi professeur visiteur à l'université de Louvain (1963-1964).
A côté de ce brillant parcours universitaire, Jean Cazeneuve s'est illustré dans l'audiovisuel. D'abord administrateur de l'ORTF (Office de radiodiffusion télévision française) de 1964 à 1974, il fut élu président du comité des programmes de la télévision (1971-1974). En 1974, il prit la tête de la Société nationale de télévision TF1.
En 1978, l'illustre sociologue se tourne vers la diplomatie.
Nommé ambassadeur, il devint le représentant permanent de la France auprès du Conseil de l'Europe. Il occupera ce poste pendant deux ans.
Puis de 1980 à 1981, Jean Cazeneuve fut vice-président du Haut comité de la langue française. Il dirigera ensuite plusieurs instituts. D'abord le Centre national de la communication en 1988 puis l'Ecole française des attachés de presse (EFAP) et le Centre d'études politiques et de la communication. Son élection à la présidence de l'Académie des sciences morales en 1983 est venue couronner 10 années de présence au sein du célèbre Institut.
Jean Cazeneuve fut également l'auteur d'une série d'ouvrages dont "L'avenir de la morale", "Sociologie de la radiotélévision", "Du calembour au mot d'esprit", "La personne et la société" (1995). Depuis 1988, il était président du Centre d'études diplomatiques et stratégiques.

Bon, puisque la mort de ce pauvre Cazeneuve ne semble émouvoir personne, ni ici ni sur toutelatélé.com, on va essayer de faire un petit bilan de son action à TF1.

- TF1 a-t-elle fait preuve d'une grande indépendance vis-à-vis du pouvoir entre 1974 et 1978 ? Pas vraiment.

- TF1 est passée à la couleur. C'était fatal, mais ce n'est pas significatif.

- Quelles émissions ont-elles été lancées sous sa direction ? "Restez avec nous le samedi" (avec Denise Fabre et Garcimore), "Téléfoot", "Auto-moto" (deux survivantes), "Les visiteurs du mercredi", "Le petit rapporteur" (trop insolent, donc trop bref)... Rien de transcendant, mais rien de vraiment honteux non plus. Ah si : les émissions des Carpentier, qui étaient insupportables et sur la deuxième chaîne auparavant vous avez vu ce zeugma ?

- TF1 s'est-elle distinguée par une sobriété et une impartialité particulière au cours de ses journaux ? Les larmoiements à tout propos de Roger Gicquel, les dissertations très libérales-barristes de De Closets dans la rubrique économie et les extravagances plus langagières qu'autre chose de Mourousi me font dire que non.

- Quelle a été l'orientation globale de TF1 entre 1974 et et 1978 ? Plus d'émissions "faciles" aux heures de grande écoute, plus de concurrence avec Antenne 2... néanmoins, ça restait très au-dessus du niveau d'aujourd'hui, au point que TF1 diffusait tous les deux mois de l'opéra à 20h30, avec des audiences pas trop minables même s'il n'y avait que trois chaînes (8 à 10 points d'audience, en moyenne).

Au final, faut-il regretter Cazeneuve ? A vous de voir, mais vu ce qu'il en reste....