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Message Sujet du message: Edifiant ! TF1 et le Turkmenistan
Publié: Sam 11 Mars 2006, 14:11 
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Inscription : Mer 19 Oct 2005, 10:14
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Dans Télérama cette semaine on nous parle d'une édition très spéciale de TF1, présentée par JC Narcy, inédite, conçue sur mesure pour le dictateur Turkmène qui venait de signer un important contrat de BTP (palais, mosquées) avec le groupe Bouygues (prpriétaire de Tf1). Réalisée à la gloire du Ceaucescu turkmène en 1996, elle n'a bien sûr été diffusée qu'au turkménistan, avec le logo TF1 ! Edifiant !

à visionner sur telerama.fr (le son est très mauvais) :

http://television.telerama.fr/edito.asp?art_airs=WEB1002372


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Publié: Sam 11 Mars 2006, 20:01 
TF1 est une société privée, elle a le droit de faire plaisir à ses clients, en utilisant ses outils audiovisuels, je ne vois rien de honteux là-dedans.

Une chaîne de service public aurait fait ça, cela aurait été effectivement scandaleux, mais là...


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Publié: Sam 11 Mars 2006, 22:48 
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Inscription : Ven 05 Nov 2004, 4:01
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Ben voyons. C'est tout à fait normal qu'une chaîne privée serve d'outil de propagande en faveur d'un dictateur. Rien de honteux là-dedans, en effet, tant pis si les partisans de la démocratie au Turkménistan sont pourchassés par le régime, torturés, emprisonnés sans jugement : les affaires sont les affaires ! :roll:

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その兎、凶暴に突き、、、


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Publié: Sam 11 Mars 2006, 23:12 
Cosmogol 999 a écrit:
Ben voyons. C'est tout à fait normal qu'une chaîne privée serve d'outil de propagande en faveur d'un dictateur. Rien de honteux là-dedans, en effet, tant pis si les partisans de la démocratie au Turkménistan sont pourchassés par le régime, torturés, emprisonnés sans jugement : les affaires sont les affaires ! :roll:

Encore une interprétation simpliste de mes propos, décidément, c'est une spécialité ici...
Je n'ai jamais dit que c'était "normal" ! Mais c'est compréhensible qu'une société privée cherche à tout faire pour s'attirer des contrats mirobolants, même de telles méthodes peu réjouissantes. Il est complètement naïf de croire que y'a que TF1 qui a fait des trucs comme ça pour arriver à gagner des pépettes... Quant à Jean-Claude Narcy, s'il a pas les cou*lles pour refuser de baigner dans ce genre de trucs, il n'a qu'à s'en prendre qu'à lui...


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Publié: Sam 11 Mars 2006, 23:23 
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Inscription : Ven 05 Nov 2004, 4:01
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system a écrit:
Encore une interprétation simpliste de mes propos, décidément, c'est une spécialité ici...
Je n'ai jamais dit que c'était "normal" ! Mais c'est compréhensible qu'une société privée cherche à tout faire pour s'attirer des contrats mirobolants, même de telles méthodes peu réjouissantes. Il est complètement naïf de croire que y'a que TF1 qui a fait des trucs comme ça pour arriver à gagner des pépettes... Quant à Jean-Claude Narcy, s'il a pas les cou*lles pour refuser de baigner dans ce genre de trucs, il n'a qu'à s'en prendre qu'à lui...


Le rôle de TF1 est, comme toute chaîne de télévision, d'informer, de distraire et de cultiver (et il faut bien dire que c'est souvent raté...), pas de servir d'outil de propagande. C'est tout simplement inadmissible. Que d'autres que TF1 le fassent, peu me chaut, c'est tout aussi blâmable, et ce n'est pas "naïf" de rappeler les règles élementaires de la décence. Ça va bien au-delà de Jean-Claude Narcy.

Et si un grand journal d'avant-guerre avait fait de la propagande en faveur de Hitler parce que son actionnaire avait des intérêts financiers en Allemagne ? C'est exactement la même situation. Quand on accepte ce genre de compromissions, on accepte tout, même l'infâme.

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Publié: Dim 12 Mars 2006, 0:55 
Ouais bon avec des "Si" tu mets Paris en bouteille...

Outil de propagande ? Cette émission est restée dans les cartons de TF1 ! C'était plus un moyen de s'assurer ce contrat qu'autre chose, en cirant les pompes !

Trouver quotidiennement la moindre occasion (même la pire, comme celle-ci) pour taper sur TF1, j'avoue que ça commence à me fatiguer... C'est beugler dans le vide. On sait à quoi s'attendre avec le groupe Bouygues, et ce genre de méthodes ne m'étonne finalement pas d'eux, voilà tout. Ils veulent un contrat mirobolant avec le Turkménistan, ils utilisent les moyens techniques de TF1 pour créer une fausse-émission cire-pompes, et ils y arrivent, sans être inquiétés... Pour l'attrait du fric et se sachant impunis, ils auraient tord de refuser franchement !


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Publié: Dim 12 Mars 2006, 1:15 
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Inscription : Ven 05 Nov 2004, 4:01
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Parfaitement, "outil de propagande". Je te signale que l'émission est quand même passée au Turkménistan. Des millions de Turkmènes ont pu constater que les journalistes français employaient aussi bien la brosse à reluire avec Niazov que les journalistes locaux... belle image de la démocratie, s'pas ?

Par ailleurs, tu m'accuses (moi et d'autres, je suppose) de "trouver la moindre occasion pour taper sur TF1". Ça, c'est du procès d'intention, mon p'tit père. "TF1, pauvre victime qui n'arrête pas de se faire critiquer pour rien", j'en ai la larme à l'œil... :mrgreen:

Oui, Bouygues et TF1 ont des méthodes dégueulasses, ils ne sont pas les seuls à le faire, mais ce n'est pas une raison pour laisser faire. Si protester contre ce genre d'abus est "beugler dans le vide", comme tu dis, eh bien oui : fermons notre gueule, le PPA sait ce qui est bon pour nous.

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Publié: Dim 12 Mars 2006, 1:25 
Cosmogol 999 a écrit:
Par ailleurs, tu m'accuses (moi et d'autres, je suppose) de "trouver la moindre occasion pour taper sur TF1". Ça, c'est du procès d'intention, mon p'tit père. "TF1, pauvre victime qui n'arrête pas de se faire critiquer pour rien", j'en ai la larme à l'œil... :mrgreen:


Boah, hé, ce n'est nullement un procès d'intention, encore moins des accusations, ce sont des faits ! Sur tout le paysage internet français (PIF ? :mrgreen:), TF1 est la chaîne la plus impopulaire, c'est connu ! A raison d'ailleurs, je suis le premier à acquiescer...
Mais bon, ce sont ces attaques continuelles contre TF1 qui m'ennuient ferme à la longue, car cela sert la chaîne, qu'on fasse parler d'elle, et exclut d'autres débats qui seraient finalement bien plus intéressants.
Ca fait longtemps que je considère que TF1 est irrécupérable, et je préfère m'intéresser à autre chose.


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Publié: Dim 12 Mars 2006, 2:56 
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Inscription : Ven 05 Nov 2004, 4:01
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Bon, je préfère ça. Mais je ne pense pas que les critiques servent TF1, et je souligne qu'aucune personnalité politique n'ose contester cette chaîne, en raison de son pouvoir d'influence. TF1 est une anomalie sur laquelle il ne faut pas fermer les yeux...


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Publié: Dim 12 Mars 2006, 11:45 
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M.Sylvestre : désabusé par la télévision d'aujourd'hui. Avoir plus de chaînes donne l'illusion d'avoir le choix, en vérité, ce n'est qu'un leurre qui ne fait ressortir qu'une énième forme de pauvreté dans la création audiovisuelle.


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Publié: Lun 13 Mars 2006, 16:14 
VOICI L4ARTICLE.


TF1 et le dictateur

C'est une histoire gaguesque et déprimante. Celle d'une vraie-fausse émission, enregistrée par TF1 à la gloire d'un des pires dictateurs de la planète, le méconnu mais non moins sinistre Saparmourad Niazov, auto-proclamé président à vie du Turkménistan. Une émission jamais diffusée en France, restée cachée pendant dix ans, et que Télérama s'est procurée à l'occasion de la sortie d'un livre édifiant sur les relations entre le géant du BTP Bouygues et cette obscure dictature d'Asie centrale, Le pays où Bouygues est roi, de David Garcia (Ed. Danger Public).

Petit retour en arrière, il y a dix ans donc, en septembre 1996 précisément. Ce matin-là, c'est le branle-bas de combat dans les studios télé de la chaîne. Saparmourad Niazov est en visite officielle à Paris, et, pour l'occasion, TF1 lui a promis rien moins qu'une émission spéciale de 40 minutes. Sur le plateau, le gratin de la première chaîne est au garde-à-vous : Jean-Claude Narcy, alors directeur adjoint de l'information et présentateur des JT de la chaîne, anime « l'émission spéciale Niazov ». A ses côtés, Martin Bouygues, pdg du groupe Bouygues, Patrick Le Lay, pdg de TF1 (faut-il le rappeler, filiale de Bouygues), Pierre Gadonneix (1), président de Gaz de France et Jacques Roger-Machart, directeur chargé du développement d'Electricité de France. Derrière les caméras, une vingtaine de techniciens et journalistes. Quarante minutes durant, tout ce petit monde va dérouler un tapis rouge au Turkmenbachi (autrement dit « le père de tous les Turkmènes »), sur sa vie, son oeuvre, ses grands travaux, ses ressources énergétiques, etc. « Nous faisions clairement plaisir à Bouygues en nous prêtant à ce petit jeu, se souvient Jacques-Roger Machart. Je me doutais bien que c'était une interview de complaisance. D'ailleurs je me souviens que Jean-Claude Narcy m'avait fait part de ses réticences... »

C'est que Saparmourad a beau être dictateur et l'un des pires qui soit, ennemi de l'état de droit et de la liberté d'opinion, l'équivalent d'un Kim Jong-Il en Corée du Nord, il gère la cinquième réserve de gaz du monde. Il a beau diriger l'un des dix pays les plus corrompus au monde (selon Transparency International), il se trouve aussi à la tête d'une fortune colossale, estimée à 2 à 3 milliards de dollars (2), qu'il investit dans d'innombrables monuments à sa gloire. Bref, une aubaine pour le géant du BTP. Or, pour décrocher de nouveaux contrats, Martin Bouygues est prêt à tout. Y compris à utiliser l'une de ses principales filiales, TF1, ses studios télé, son logo, ses journalistes et ses techniciens, pour impressionner et séduire un client, fut-il dictateur. Et il semblerait que ça marche puisque selon le journaliste David Garcia, « depuis 1995, le groupe Bouygues a signé pour plus d'un milliard d'euros de chantiers au Turkménistan, dont le palais présidentiel, la grande mosquée, le palais des congrès, et même la rénovation de la chaîne de télé turkmène, sur le modèle de TF1 ! ». En février dernier, Bouygues aurait encore décroché un nouveau contrat, de 45 millions de dollars, cette fois pour la construction de bâtiments universitaires.

Cette émission très spéciale n'est bien entendu jamais passée sur TF1. Interrogée à ce sujet, la chaine assure qu' « elle n'avait pas vocation à l'être, puisque c'était une opération de communication dans le cadre du contrat d'assistance de TF1 pour le lancement de la télévision turkmène. » Certes, mais pourquoi alors avoir utilisé le logo de TF1, et débauché le directeur adjoint de l'information de la chaîne ? « Il s'est simplement agi de tourner une émission sur la question de l'énergie, et de la diffuser pour le lancement de la télévision turkmène rénovée... Et puis, à l'époque, on ne savait pas vraiment qui était Saparmourad Niazov, hôte de la République en voyage officiel en France ». Pourtant, en 1996, le doute n'était déjà plus permis : au pouvoir depuis 1985, Niazov avait installé une dictature durable, « avec culte de la personnalité à la clé et musellement de toute forme d'opposition », précise David Garcia. Une situation d'autant mieux connue qu'en juin 1996, Jean-Pierre Chevènement, alors président du groupe d'amitié France-Turkménistan à l'Assemblée nationale, venait tout juste de publier un rapport sans appel sur le régime : « Aucune force n'est en mesure de prétendre contrebalancer l'autorité présidentielle ». Mais finalement, au pays de Bouygues et TF1, peu importe. Et voilà comment la première chaîne française se retrouve mêlée à une opération de propagande au service d'un dictateur sanguinaire et mégalo.


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Message Sujet du message:
Publié: Lun 13 Mars 2006, 16:14 
VOICI L4ARTICLE.


TF1 et le dictateur

C'est une histoire gaguesque et déprimante. Celle d'une vraie-fausse émission, enregistrée par TF1 à la gloire d'un des pires dictateurs de la planète, le méconnu mais non moins sinistre Saparmourad Niazov, auto-proclamé président à vie du Turkménistan. Une émission jamais diffusée en France, restée cachée pendant dix ans, et que Télérama s'est procurée à l'occasion de la sortie d'un livre édifiant sur les relations entre le géant du BTP Bouygues et cette obscure dictature d'Asie centrale, Le pays où Bouygues est roi, de David Garcia (Ed. Danger Public).

Petit retour en arrière, il y a dix ans donc, en septembre 1996 précisément. Ce matin-là, c'est le branle-bas de combat dans les studios télé de la chaîne. Saparmourad Niazov est en visite officielle à Paris, et, pour l'occasion, TF1 lui a promis rien moins qu'une émission spéciale de 40 minutes. Sur le plateau, le gratin de la première chaîne est au garde-à-vous : Jean-Claude Narcy, alors directeur adjoint de l'information et présentateur des JT de la chaîne, anime « l'émission spéciale Niazov ». A ses côtés, Martin Bouygues, pdg du groupe Bouygues, Patrick Le Lay, pdg de TF1 (faut-il le rappeler, filiale de Bouygues), Pierre Gadonneix (1), président de Gaz de France et Jacques Roger-Machart, directeur chargé du développement d'Electricité de France. Derrière les caméras, une vingtaine de techniciens et journalistes. Quarante minutes durant, tout ce petit monde va dérouler un tapis rouge au Turkmenbachi (autrement dit « le père de tous les Turkmènes »), sur sa vie, son oeuvre, ses grands travaux, ses ressources énergétiques, etc. « Nous faisions clairement plaisir à Bouygues en nous prêtant à ce petit jeu, se souvient Jacques-Roger Machart. Je me doutais bien que c'était une interview de complaisance. D'ailleurs je me souviens que Jean-Claude Narcy m'avait fait part de ses réticences... »

C'est que Saparmourad a beau être dictateur et l'un des pires qui soit, ennemi de l'état de droit et de la liberté d'opinion, l'équivalent d'un Kim Jong-Il en Corée du Nord, il gère la cinquième réserve de gaz du monde. Il a beau diriger l'un des dix pays les plus corrompus au monde (selon Transparency International), il se trouve aussi à la tête d'une fortune colossale, estimée à 2 à 3 milliards de dollars (2), qu'il investit dans d'innombrables monuments à sa gloire. Bref, une aubaine pour le géant du BTP. Or, pour décrocher de nouveaux contrats, Martin Bouygues est prêt à tout. Y compris à utiliser l'une de ses principales filiales, TF1, ses studios télé, son logo, ses journalistes et ses techniciens, pour impressionner et séduire un client, fut-il dictateur. Et il semblerait que ça marche puisque selon le journaliste David Garcia, « depuis 1995, le groupe Bouygues a signé pour plus d'un milliard d'euros de chantiers au Turkménistan, dont le palais présidentiel, la grande mosquée, le palais des congrès, et même la rénovation de la chaîne de télé turkmène, sur le modèle de TF1 ! ». En février dernier, Bouygues aurait encore décroché un nouveau contrat, de 45 millions de dollars, cette fois pour la construction de bâtiments universitaires.

Cette émission très spéciale n'est bien entendu jamais passée sur TF1. Interrogée à ce sujet, la chaine assure qu' « elle n'avait pas vocation à l'être, puisque c'était une opération de communication dans le cadre du contrat d'assistance de TF1 pour le lancement de la télévision turkmène. » Certes, mais pourquoi alors avoir utilisé le logo de TF1, et débauché le directeur adjoint de l'information de la chaîne ? « Il s'est simplement agi de tourner une émission sur la question de l'énergie, et de la diffuser pour le lancement de la télévision turkmène rénovée... Et puis, à l'époque, on ne savait pas vraiment qui était Saparmourad Niazov, hôte de la République en voyage officiel en France ». Pourtant, en 1996, le doute n'était déjà plus permis : au pouvoir depuis 1985, Niazov avait installé une dictature durable, « avec culte de la personnalité à la clé et musellement de toute forme d'opposition », précise David Garcia. Une situation d'autant mieux connue qu'en juin 1996, Jean-Pierre Chevènement, alors président du groupe d'amitié France-Turkménistan à l'Assemblée nationale, venait tout juste de publier un rapport sans appel sur le régime : « Aucune force n'est en mesure de prétendre contrebalancer l'autorité présidentielle ». Mais finalement, au pays de Bouygues et TF1, peu importe. Et voilà comment la première chaîne française se retrouve mêlée à une opération de propagande au service d'un dictateur sanguinaire et mégalo.


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Publié: Lun 13 Mars 2006, 16:14 
VOICI L4ARTICLE.


TF1 et le dictateur

C'est une histoire gaguesque et déprimante. Celle d'une vraie-fausse émission, enregistrée par TF1 à la gloire d'un des pires dictateurs de la planète, le méconnu mais non moins sinistre Saparmourad Niazov, auto-proclamé président à vie du Turkménistan. Une émission jamais diffusée en France, restée cachée pendant dix ans, et que Télérama s'est procurée à l'occasion de la sortie d'un livre édifiant sur les relations entre le géant du BTP Bouygues et cette obscure dictature d'Asie centrale, Le pays où Bouygues est roi, de David Garcia (Ed. Danger Public).

Petit retour en arrière, il y a dix ans donc, en septembre 1996 précisément. Ce matin-là, c'est le branle-bas de combat dans les studios télé de la chaîne. Saparmourad Niazov est en visite officielle à Paris, et, pour l'occasion, TF1 lui a promis rien moins qu'une émission spéciale de 40 minutes. Sur le plateau, le gratin de la première chaîne est au garde-à-vous : Jean-Claude Narcy, alors directeur adjoint de l'information et présentateur des JT de la chaîne, anime « l'émission spéciale Niazov ». A ses côtés, Martin Bouygues, pdg du groupe Bouygues, Patrick Le Lay, pdg de TF1 (faut-il le rappeler, filiale de Bouygues), Pierre Gadonneix (1), président de Gaz de France et Jacques Roger-Machart, directeur chargé du développement d'Electricité de France. Derrière les caméras, une vingtaine de techniciens et journalistes. Quarante minutes durant, tout ce petit monde va dérouler un tapis rouge au Turkmenbachi (autrement dit « le père de tous les Turkmènes »), sur sa vie, son oeuvre, ses grands travaux, ses ressources énergétiques, etc. « Nous faisions clairement plaisir à Bouygues en nous prêtant à ce petit jeu, se souvient Jacques-Roger Machart. Je me doutais bien que c'était une interview de complaisance. D'ailleurs je me souviens que Jean-Claude Narcy m'avait fait part de ses réticences... »

C'est que Saparmourad a beau être dictateur et l'un des pires qui soit, ennemi de l'état de droit et de la liberté d'opinion, l'équivalent d'un Kim Jong-Il en Corée du Nord, il gère la cinquième réserve de gaz du monde. Il a beau diriger l'un des dix pays les plus corrompus au monde (selon Transparency International), il se trouve aussi à la tête d'une fortune colossale, estimée à 2 à 3 milliards de dollars (2), qu'il investit dans d'innombrables monuments à sa gloire. Bref, une aubaine pour le géant du BTP. Or, pour décrocher de nouveaux contrats, Martin Bouygues est prêt à tout. Y compris à utiliser l'une de ses principales filiales, TF1, ses studios télé, son logo, ses journalistes et ses techniciens, pour impressionner et séduire un client, fut-il dictateur. Et il semblerait que ça marche puisque selon le journaliste David Garcia, « depuis 1995, le groupe Bouygues a signé pour plus d'un milliard d'euros de chantiers au Turkménistan, dont le palais présidentiel, la grande mosquée, le palais des congrès, et même la rénovation de la chaîne de télé turkmène, sur le modèle de TF1 ! ». En février dernier, Bouygues aurait encore décroché un nouveau contrat, de 45 millions de dollars, cette fois pour la construction de bâtiments universitaires.

Cette émission très spéciale n'est bien entendu jamais passée sur TF1. Interrogée à ce sujet, la chaine assure qu' « elle n'avait pas vocation à l'être, puisque c'était une opération de communication dans le cadre du contrat d'assistance de TF1 pour le lancement de la télévision turkmène. » Certes, mais pourquoi alors avoir utilisé le logo de TF1, et débauché le directeur adjoint de l'information de la chaîne ? « Il s'est simplement agi de tourner une émission sur la question de l'énergie, et de la diffuser pour le lancement de la télévision turkmène rénovée... Et puis, à l'époque, on ne savait pas vraiment qui était Saparmourad Niazov, hôte de la République en voyage officiel en France ». Pourtant, en 1996, le doute n'était déjà plus permis : au pouvoir depuis 1985, Niazov avait installé une dictature durable, « avec culte de la personnalité à la clé et musellement de toute forme d'opposition », précise David Garcia. Une situation d'autant mieux connue qu'en juin 1996, Jean-Pierre Chevènement, alors président du groupe d'amitié France-Turkménistan à l'Assemblée nationale, venait tout juste de publier un rapport sans appel sur le régime : « Aucune force n'est en mesure de prétendre contrebalancer l'autorité présidentielle ». Mais finalement, au pays de Bouygues et TF1, peu importe. Et voilà comment la première chaîne française se retrouve mêlée à une opération de propagande au service d'un dictateur sanguinaire et mégalo.


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Publié: Lun 13 Mars 2006, 16:15 
TF1 et le dictateur

C'est une histoire gaguesque et déprimante. Celle d'une vraie-fausse émission, enregistrée par TF1 à la gloire d'un des pires dictateurs de la planète, le méconnu mais non moins sinistre Saparmourad Niazov, auto-proclamé président à vie du Turkménistan. Une émission jamais diffusée en France, restée cachée pendant dix ans, et que Télérama s'est procurée à l'occasion de la sortie d'un livre édifiant sur les relations entre le géant du BTP Bouygues et cette obscure dictature d'Asie centrale, Le pays où Bouygues est roi, de David Garcia (Ed. Danger Public).

Petit retour en arrière, il y a dix ans donc, en septembre 1996 précisément. Ce matin-là, c'est le branle-bas de combat dans les studios télé de la chaîne. Saparmourad Niazov est en visite officielle à Paris, et, pour l'occasion, TF1 lui a promis rien moins qu'une émission spéciale de 40 minutes. Sur le plateau, le gratin de la première chaîne est au garde-à-vous : Jean-Claude Narcy, alors directeur adjoint de l'information et présentateur des JT de la chaîne, anime « l'émission spéciale Niazov ». A ses côtés, Martin Bouygues, pdg du groupe Bouygues, Patrick Le Lay, pdg de TF1 (faut-il le rappeler, filiale de Bouygues), Pierre Gadonneix (1), président de Gaz de France et Jacques Roger-Machart, directeur chargé du développement d'Electricité de France. Derrière les caméras, une vingtaine de techniciens et journalistes. Quarante minutes durant, tout ce petit monde va dérouler un tapis rouge au Turkmenbachi (autrement dit « le père de tous les Turkmènes »), sur sa vie, son oeuvre, ses grands travaux, ses ressources énergétiques, etc. « Nous faisions clairement plaisir à Bouygues en nous prêtant à ce petit jeu, se souvient Jacques-Roger Machart. Je me doutais bien que c'était une interview de complaisance. D'ailleurs je me souviens que Jean-Claude Narcy m'avait fait part de ses réticences... »

C'est que Saparmourad a beau être dictateur et l'un des pires qui soit, ennemi de l'état de droit et de la liberté d'opinion, l'équivalent d'un Kim Jong-Il en Corée du Nord, il gère la cinquième réserve de gaz du monde. Il a beau diriger l'un des dix pays les plus corrompus au monde (selon Transparency International), il se trouve aussi à la tête d'une fortune colossale, estimée à 2 à 3 milliards de dollars (2), qu'il investit dans d'innombrables monuments à sa gloire. Bref, une aubaine pour le géant du BTP. Or, pour décrocher de nouveaux contrats, Martin Bouygues est prêt à tout. Y compris à utiliser l'une de ses principales filiales, TF1, ses studios télé, son logo, ses journalistes et ses techniciens, pour impressionner et séduire un client, fut-il dictateur. Et il semblerait que ça marche puisque selon le journaliste David Garcia, « depuis 1995, le groupe Bouygues a signé pour plus d'un milliard d'euros de chantiers au Turkménistan, dont le palais présidentiel, la grande mosquée, le palais des congrès, et même la rénovation de la chaîne de télé turkmène, sur le modèle de TF1 ! ». En février dernier, Bouygues aurait encore décroché un nouveau contrat, de 45 millions de dollars, cette fois pour la construction de bâtiments universitaires.

Cette émission très spéciale n'est bien entendu jamais passée sur TF1. Interrogée à ce sujet, la chaine assure qu' « elle n'avait pas vocation à l'être, puisque c'était une opération de communication dans le cadre du contrat d'assistance de TF1 pour le lancement de la télévision turkmène. » Certes, mais pourquoi alors avoir utilisé le logo de TF1, et débauché le directeur adjoint de l'information de la chaîne ? « Il s'est simplement agi de tourner une émission sur la question de l'énergie, et de la diffuser pour le lancement de la télévision turkmène rénovée... Et puis, à l'époque, on ne savait pas vraiment qui était Saparmourad Niazov, hôte de la République en voyage officiel en France ». Pourtant, en 1996, le doute n'était déjà plus permis : au pouvoir depuis 1985, Niazov avait installé une dictature durable, « avec culte de la personnalité à la clé et musellement de toute forme d'opposition », précise David Garcia. Une situation d'autant mieux connue qu'en juin 1996, Jean-Pierre Chevènement, alors président du groupe d'amitié France-Turkménistan à l'Assemblée nationale, venait tout juste de publier un rapport sans appel sur le régime : « Aucune force n'est en mesure de prétendre contrebalancer l'autorité présidentielle ». Mais finalement, au pays de Bouygues et TF1, peu importe. Et voilà comment la première chaîne française se retrouve mêlée à une opération de propagande au service d'un dictateur sanguinaire et mégalo.


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Message Sujet du message:
Publié: Lun 13 Mars 2006, 16:26 
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Inscription : Sam 17 Juil 2004, 11:44
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Localisation : marseille
bizarre j'avais fait un topic la dessus et personne a repondu il y avait le liens egalement :?


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