Petite revue de presse...
Libération
France 2 trouve Chabot
Après le TSS («tout sauf Sarkozy») en vigueur à l'UMP, voici le TSB de France 2 : tout sauf Bilalian. Depuis la démission d'Olivier Mazerolle le 11 février, le présentateur du 13 heures de la chaîne publique était donné favori pour lui succéder au poste de directeur de l'information de France 2. Mais, devant le peu d'enthousiasme suscité par «Bil» «Trop marqué à droite», «trop populo»... , Marc Tessier, président de France Télévisions, a tranché : ce sera Arlette Chabot. Après avoir dit «plutôt non» la semaine dernière, elle a finalement accepté hier de devenir directrice générale adjointe chargée de l'information. Elle continuera d'animer, du moins jusqu'en juin, son émission politique du lundi soir, Mots croisés.
Sérail. L'annonce a été «plutôt bien accueillie» par les journalistes, soulagés de la solution trouvée au sein de la rédaction. Sa carrière, effectuée en grande partie dans le service public, est un signe rassurant. De même que sa réputation de «grande pro» et son appartenance politique, discrète : «Quelque part entre centre droit et centre gauche, mais surtout légitimiste : elle est pour le pouvoir en place.» Pour certains, la nomination de cette journaliste politique du sérail «va rassurer les politiques».
Hier, devant la rédaction, Arlette Chabot a fait un discours d'investiture «sérieux et volontaire» selon un témoin. «Y en a marre des crises internes à France 2», a-t-elle déclaré. Il faut dire que la crise qui amène Chabot à la tête de l'info est l'une des plus violentes de l'histoire de la chaîne. La bourde de David Pujadas annonçant le 3 février le «retrait» d'Alain Juppé de la vie politique a abouti au vote massif d'une motion de défiance contre le présentateur du 20 heures David Pujadas et le directeur de l'information Olivier Mazerolle, coupables de course effrénée à l'audience derrière TF1. Résultat : Mazerolle a été démissionné mais conserve son émission 100 Minutes pour convaincre, Pujadas a été écarté de l'antenne pour deux semaines et France 2 a reçu une sévère mise en demeure du CSA. A charge pour Arlette Chabot de recoller les morceaux et de tenter de redonner un sens à l'info de France 2. Selon un membre de la Société des journalistes, «la rédaction attend qu'elle ne fasse pas un journal qui lorgne celui de TF1 et qu'elle écoute les journalistes». Ce à quoi Arlette Chabot répond : «Je crois à l'intérêt général, ce genre de valeurs démodées.»
Priorités. Premier des deux grands chantiers qui l'attendent : les élections régionales, même si elle ne présentera pas les soirées. Pas plus qu'Olivier Mazerolle. Deuxième chantier : le JT. Sa «priorité», a-t-elle indiqué à Libération, «c'est de rebâtir le 20 heures». Elle veut «essayer de comprendre pourquoi il y a eu une telle bêtise». Les rédacteurs en chef du 20 heures, Pascal Guimier et Jean-Michel Carpentier, très contestés par la rédaction, devraient avoir du mal à rester en place. Et David Pujadas ? Arlette Chabot a affirmé hier aux journalistes que «le 20 heures n'est pas le journal du présentateur, mais un travail collectif». Du coup, à France 2, on s'interroge : «Arlette est-elle "pujado-compatible" ?»
Libération
Une redoutable indécise... (Ca promet...)
Elle a hésité. A dit «plutôt non». Puis carrément oui. Quand on lui a proposé le siège ô combien éjectable d'Olivier Mazerolle, Arlette Chabot, 52 ans, comme toujours a douté. «C'est une vraie anxieuse», témoigne une proche. En 2003, elle dressait, non sans humour, pour Elle, la liste de ses tergiversations : «Chirurgie esthétique ou pas ?»
, «Talons ou bottes plates ?», «L'émission, elle était nulle ou juste pas bonne ?» Jusqu'à hier, on pouvait ajouter : «Etre directrice de l'information de France 2 ou pas ?»
«Nazes». Ce sera oui, même si, devant la rédaction hier, elle a encore dit qu'elle était bien à Mots croisés qu'elle anime depuis 1997. Pourtant, elle y va : «J'ai réfléchi et je me suis dit qu'il fallait prendre ce risque.»
C'est une fonction qu'elle connaît : entre 1996 et 1998, elle a secondé Jean-Luc Mano, alors directeur de l'information de France 2. Un mauvais souvenir pour elle (il lui a été reproché un «ménage» pour France Télécom) et pour les autres. «Elle avait de bonnes relations avec dix personnes et les autres, elle les appelait "les nazes"»
, se souvient l'un d'eux. Son caractère «abrupt», «pas facile», «redoutable», c'est selon est craint à France 2. Un profil qui ressemble fort à celui de son prédécesseur, Mazerolle. «Le roi est mort, vive la reine», scandait hier un journaliste pour souligner l'analogie.
Mais, à la différence de Mazerolle, Chabot a fait l'essentiel de sa carrière dans le public : avant France 2 où elle est arrivée en 1992, elle a débuté à France Inter où, à 23 ans seulement, elle est chef adjoint du service politique.
Franc-parler. En 1984, elle entre à TF1 publique. Elle sera éjectée de TF1 privatisée par le PDG, Patrick Le Lay, furieux qu'elle ait minimisé à l'antenne le succès de la libération des otages d'Ouvéa : «Opération réussie» mais «avec quand même 19 morts». Même franc-parler en 1995 quand, à la veille du premier tour, elle demande au candidat Chirac s'il va se retirer en faveur de Balladur. Il la fusille du regard et lui en tiendra longtemps rigueur.
Le Figaro
Arlette Chabot remplace Olivier Mazerolle
Olivier Mazerolle ne pourra donc pas prendre en charge les prochaines élections régionales et européennes. L'annonce en direct, lors du JT de France 2 le 3 février dernier, du retrait d'Alain Juppé de la vie politique, aura eu raison de son directeur général de l'information qui cessera ses fonctions le 3 mars prochain. En revanche, il continuera à présenter «100 minutes pour convaincre».
Dans un souci de pacification, Marc Tessier avait souhaité qu'Olivier Mazerolle, après sa démission exigée, reste en place quelques mois, le temps d'effectuer une transition en douceur. Cela ne sera donc pas le cas puisque le président de Francetélévisions a décidé de précipiter les événements en le remplaçant par Arlette Chabot.
Marc Tessier aura pris cette décision seul, après avoir obtenu l'assentiment de l'intéressé qui comprenait que sa situation était devenue intenable. Christopher Baldelli, directeur général adjoint de France 2, présent au moment des événements quand le président de Francetélévisions était aux Etats-Unis, aurait voulu qu'Olivier Mazerolle reste en place jusqu'à l'été. Son erreur ne justifiait pas à ses yeux sa mise à l'écart de l'antenne, et encore moins son éviction du poste de responsable de l'information car il avait fait des excuses.
Mais la pression était devenue trop forte ces derniers jours. Le ministère de la Culture avait fait part de son mécontentement sur cette affaire et ternissait, selon lui, l'image de l'audiovisuel public. Le CSA a, de son côté, décrété le 12 février une sévère mise en demeure à l'encontre de France 2. Dès lors, la chaîne était en position de fragilité car, à la prochaine défaillance, France 2 aurait été condamnée à des sanctions financières. Enfin, la rédaction de France 2, après avoir voté le 10 février une motion de défiance rassemblant 67,4% des suffrages exprimés, considérait depuis qu'elle ne pouvait plus relever de l'autorité d'Olivier Mazerolle.
«Il nous fallait rapidement un chef pour mobiliser de nouveau la rédaction en période électorale et nous battre contre notre principal concurrent», confie l'un des prétendants à la succession d'Olivier Mazerolle.
>Un qui a tout compris à la volonté des journalistes... Bilalian ???
Le président de Francetélévisions était dans une situation délicate. Contraint politiquement de tenir compte du CSA, comme de sa tutelle, Marc Tessier ne voulait pas non plus abandonner le pouvoir à une rédaction qui se sentait d'autant plus forte qu'elle avait obtenu la tête de son patron. Pour autant, il n'a pas voulu nommer l'un de ses représentants, comme Paul Nahon, mais a porté son choix sur Arlette Chabot, une femme respectée dont la principale mission consistera à prôner l'apaisement.
L'Humanité
Dans le tram de l'information...
La démission d'Olivier Mazerolle de la direction de l'information de France 2, assortie de la mise à pied de David Pujadas va-t-elle rendre meilleure la qualité de l'information de la chaîne vitrine du service public ?
A l'heure où vous lirez ces lignes, peut-être le successeur de Mazerolle (qui garde plus qu'un pied dans la maison à l'approche des élections) sera-t-il connu. Plusieurs noms comme autant de conceptions de l'information circulaient de Daniel Bilalian, le présentateur du JT de 13 heures, à Paul Nahon, créateur avec Bernard Benyamin d'Envoyé spécial et avec lui coprésentateur, le samedi en fin d'après-midi de Face à l'image ou encore Arlette Chabot, l'animatrice de Mots croisés.
Quel que soit " l'heureux élu ", il devra compter avec une rédaction qui l'a dit et répété veut travailler d'une autre façon, revenir aux " fondamentaux de ce métier ", comme l'ont expliqué plusieurs journalistes de France 2.
C'est-à-dire sans courir derrière TF1 pour un scoop hypothétique et on l'a vu, risqué. Franchement que Juppé se retire progressivement ou qu'il reste, cela pouvait attendre un petit quart d'heure, non ? Au moins autant que son tramway inauguré en grandes pompes, précipitamment, et qui peine au démarrage. Il y a des choses bien plus " graves " dans le monde. Et TF1 n'en parle pas. Qu'attend donc France 2 ?
Interview d'Hélène Risser :
«France 2 contaminée par TF1»
Le Nouvel Observateur. –
France 2 s’est-elle vraiment lancée dans une course-poursuite contre TF1?
Hélène Risser. – Oui. Ils se défendent d’avoir les yeux rivés sur TF1. Pourtant, au cours de mon enquête l’été dernier, j’ai pu observer l’un des rédacteurs en chef du 20-Heures, devant les deux éditions de la mi-journée. Il n’a cessé de comparer les images de TF1 avec celles qu’aurait dû faire France 2. Il n’y avait aucune réflexion sur les angles, que des reproches sur la manière de filmer. Pour le 20-Heures, il lui fallait plus de flammes, plus de pompiers, plus d’action.
N. O. –
Il subsiste des différences?
Hélène Risser. – Bien sûr, notamment sur l’international. Lors des débuts de la guerre civile ivoirienne, en 2002, TF1 s’intéressait surtout aux malheurs des pauvres expatriés français atterrissant à Roissy. France 2 était moins franchouillarde. Mais elle n’ouvre plus guère son journal sur l’étranger. Quant aux sujets culturels, ils n’occupent plus, selon une lettre ouverte de journalistes, que 4% du 20-Heures contre 10% en 1998.
N. O. –
Le problème, n’est-ce pas aussi la démesure du traitement de certaines informations?
Hélène Risser. – Absolument. Cette habitude a été inaugurée par TF1. France 2 a été contaminée. La catastrophe de Charm el-Cheikh, sur laquelle il n’y avait objectivement pas beaucoup d’informations, a occupé jusqu’à vingt-cinq minutes dans certains de ses journaux. France 2 l’a mise en scène de manière très gratuite. Pujadas soutient que l’émotion permet d’amener le spectateur vers des thèmes éloignés de ses préoccupations. Mais bien souvent elle ne mène pas à grand-chose.
N. O. –
Vous épinglez aussi le traitement de la campagne présidentielle...
Hélène Risser. – Qu’est-ce qui a été traité? Les petites phrases, la guerre de communication, la gestion de l’image... Soit. Mais le décryptage des programmes des candidats est resté un tabou absolu. Le service politique avait pourtant établi une liste de sujets. Ils n’ont jamais été traités. Cela révèle bien le rapport de force entre les services et le présentateur. La démission d’Olivier Mazerolle n’y changera rien.