OMVIDEOFR a écrit:
On peut imaginer que Canal n'a pas vu venir la proposition de Mediapro. Personne ne s'y attendait d'ailleurs.
D'après L’Équipe :
"En coulisses, la Ligue avait pourtant alerté à plusieurs reprises la chaîne cryptée de cette forte éventualité après des discussions avec Mediapro ces deux derniers mois. Elle n'a visiblement pas été écoutée."Voilà, voilà...
OMVIDEOFR a écrit:
De plus il est dit que Mediapro devra obtenir l'autorisation du CSA pour créer sa chaine, est ce que l'Etat ne va pas jouer un rôle pour défendre Canal comme en 2012... Le financement du cinéma est l'un des grands enjeux. Au final, rien ne semble figé, le contrat sera peut être attaqué, Mediapro sera peut être face à un problème lui obligeant pourquoi pas de sous licencier l'intégralité de ses droits à Canal/beIN Sports et peut être SFR.
D'après les diverses déclarations parues dans L’Équipe, l'appel d'offres de la LFP a été réalisé de façon justement à éviter les contestations, et un scénario à l'italienne serait impossible puisque prévoyant déjà les sous-licences. Même Michel Denisot, impliqué dans le processus et dont on connaît les liens et l'attachement pour Canal+ le reconnaît. Les jeux sont faits.
La seule option pour Canal+ est vraiment la négociation à prix d'or d'une sous-licence... si Mediapro le désire. On verra si Canal+ sortira le (très) gros chèque pour le Lot 1. Mais ce sera de l'argent que la LFP ne verra pas rentrer dans ses coffres (sauf erreur).
Il y a aussi la solution de la distribution de la chaîne, à l'instar du contrat avec beIN Sports. Et rien n'empêche un contrat d'exclusivité à l'instar d'Eurosport, si le chèque est très gros. Dans ce cas on pourrait presque imaginer une chaîne exploitée par Mediapro s'appelant "Canal+ Ligue 1", à l'image de beIN LaLiga en Espagne.
Quant à l'État, il ne peut rien obliger à Mediapro. Il s'agit d'un appel d'offres réalisé dans des conditions équitables pour tous.
Mediapro ce n'est pas comme le Qatar en 2012, les moyens de pression ne sont pas énormes sur un nouvel entrant en France.
Et si le CSA d'aventure voudrait refuser l'ouverture du canal, il y a les juges du Conseil d'État pour trancher la décision d'ici août 2020.
NathanC a écrit:
Ce que je veux dire, c'est que Mediapro n'a jamais pu tenir une chaîne TV sans la perdre ou se la faire racheter sans aide extérieur (BeIN Sports Espagne étant toujours en vie, surement grâce à BeIN Media Group). En France, la chaîne de Mediapro ne pourra tenir avec toute la concurrence en France, sauf si elle remporte d'autres compétitions ou une aide extérieure à Mediapro.
S'ils continuent à investir, c'est qu'ils ont fait du profit jusqu'à présent, et qu'ils espèrent faire du profit à moyen/long terme. Néanmoins, l'arrivée d'un nouvel acteur en France est effectivement risquée vu la concurrence intense dans le secteur, déjà que beIN Sports et Altice ont déjà du mal à être rentables...
Rien que pour rentabiliser les 780 millions d'euros annuels en droits (hors frais de fonctionnement tous azimuts), soit 78 millions d'euros sur 10 mois de saison sans engagement, il faudrait 3,9 millions d'abonnés à 20€ ou 7,8 millions d'abonnés à 10€. Ils peuvent déjà commencer à négocier les lignes de crédit et les facilités de caisse chez leur (très gentil) banquier pour un bon bout de temps...
Ces chaînes font-elles réellement des études de rentabilité et de marché des fois avant de se lancer ? Les droits TV flambent et le portefeuille des français ne suit pas forcément pour les X abonnements. Qui paye la différence ?
Canal+ arrivait jusqu'à présent à être rentable en vendant des abonnements à 40€/mois. Aujourd'hui on vend des abonnements à la découpe à 10-15€/mois, quand il faut payer dans le même temps des droits TV aux sommes toujours plus astronomiques difficiles à amortir. Pendant combien de temps cela sera encore tenable pour ces entreprises ?
Tout dépendra bien évidemment de l'offre future de Mediapro, mais vu la faible différence de prix probable, je me demande des fois si beIN Sports ne va pas être celle qui va récupérer le plus d'ex-abonnés Canal+ fans de Ligue 1 (s'ils ne sont pas déjà abonnés, certes).
Après tout, ils conservent le match du samedi soir (sans multiplex, certes), un magazine à 23h, et le match du dimanche 17h. Dont le 1er choix sur 28 des 38 journées. Plus leur offre pléthorique dans les autres championnats et sports, qui va peut-être même bénéficier de la place libérée par la fin des multiplexes Ligue 1 du samedi soir. Le tout avec un prix inchangé, probablement pas forcément très supérieur à celui de la future chaîne Mediapro.
Au delà du symbole, si Canal+ fait une croix sur la Ligue 1, ça va être très compliqué pour eux mais rien ne les empêche de survivre malgré tout. D'ici août 2020 ils peuvent même investir dans d'autres droits que la Ligue 1 avec les sommes qui n'ont pas été dépensées, je pense par exemple à la Premier League qui arrive à échéance en 2019, ou le renouvellement de la Coupe de la Ligue au-delà de 2020.
stargazer a écrit:
Pour Canal+, la situation est grave mais on aurait tort de réduire le séisme à ce seul groupe. C'est toute la filière de la création cinématographique et audiovisuelle française qui s'interroge ce soir et qui se retrouverait en grande difficulté si Canal+ venait à sombrer dans la crise.
Surtout qu'il me semble que l'accord avec le CNC sur l'investissement dans le cinéma français est fonction du chiffre d'affaires (pas le bénéfice, attention !) et du nombre d'abonnés de Canal+...
Il serait grand temps aussi que le monde du cinéma sorte de sa bulle qui ne tiendra pas et se reconnecte un peu avec la réalité moderne en 2018...
Et je parle tant des aides pharaoniques (on parle de milliards d'euros...), que de la chronologie des médias ubuesque française, que tout simplement des mentalités (cf. Netflix vs Cannes par ex.)...